En réussissant l’exploit ce dimanche de traverser la Manche sur son Flyboard, Franky Zapata renoue avec les grandes heures des pionniers de l’aviation.
C'est un point noir qui s'avance dans le ciel, au-dessous des hélicoptères. Peut-être un oiseau ? Non, c'est bien la silhouette de Franky Zapata qui surgit de l'horizon, prenant de l'altitude pour franchir les falaises blanches, droit sur les côtes anglaises. Après un décollage dimanche à 8h15 de Sangatte (Pas-de-Calais) sous les yeux de plusieurs centaines de curieux, l'homme volant a réussi sa traversée spectaculaire de la Manche , perché sur son Flyboard, une planche dotée de cinq mini-turboréacteurs.
Vingt-cinq minutes plus tard, le pilote de 40 ans, casqué et harnaché, sac à dos de kérosène, filant à près de 170 km/h dans les airs, s'est posé à Saint Margaret's Bay. Un soulagement après un premier échec, dix jours plus tôt, où il avait chuté lors de l'étape de ravitaillement en carburant sur un bateau trop petit. « Je ne suis jamais aussi bon que lorsque j'ai le dos collé au mur », avait-il prévenu, la veille de sa deuxième tentative.
VIDÉO. L'exploit de Zapata vu depuis un hélicoptère
Malgré la fatigue, la pression, Zapata a réussi son pari fou. Cent dix ans après la première traversée aérienne de Louis Blériot , cet inventeur inclassable s'inscrit ainsi dans l'histoire de l'aéronautique en devenant le premier homme à vaincre la Manche en planche volante. « Quand je suis reparti, ça me brûlait un peu les cuisses, mais je voyais l'Angleterre ! J'ai essayé de prendre du plaisir pour pas penser à la douleur », a-t-il lâché, une fois au sol.
« On est tellement rassuré ! Enfin ! On est fatigué mais tellement heureux », nous confie, admirative, Krystel, son épouse, à la tête de l'organisation de cet événement inédit. Jusque-là, sa performance de voltigeur, assimilé à celle d'un « Icare du XXIe siècle » n'était visible que dans les films d'anticipation.
« On est tous très contents pour lui, le félicite son ami Vincent Lagaf', fin connaisseur du Flyboard dans sa version première, plus simple, sur l'eau. Moi j'aimerais bien essayer sa bécane, mais pour l'instant seul Franky la conduit, elle n'est pas disponible pour le grand public. »
À quoi servira-t-elle ? En 2018, la Direction générale de l'armement, très intéressée, a octroyé à l'inventeur marseillais une subvention de plus de 1 million d'euros pour l'aider à moderniser sa machine, pouvant peut-être servir un jour à nos forces spéciales. « Par ce nouvel exploit, vous continuez à dépasser les limites de l'innovation militaire française […] », a tweeté ce dimanche soir le président Macron. Franky, lui, n'oublie pas le grand public. Et promet déjà une « voiture volante » pour la fin de l'année.
