Ce robot incite les habitants de Tunis à rester chez eux pour ne pas propager le coronavirus. Produit localement, il est équipé d’une caméra thermique permettant de mesurer la température corporelle, selon son créateur.
Un Robocop dans les rues de Tunis. Depuis quelques jours, circule dans les rues de la capitale tunisienne un robot policier appelant la population à respecter le confinement, imposé depuis le 22 mars. Ce robot construit localement a été signalé à plusieurs reprises par des internautes dans divers quartiers de la capitale. P-Guard demande aux gens de « respecter la loi et de l’appliquer, et de ne pas quitter les maisons pour limiter la propagation [du coronavirus] et pour préserver les vies humaines ».
« Qu’est-ce que vous faites ? Montrez-moi votre pièce d’identité ! Vous n’êtes pas au courant du confinement ? », lance d’une voix forte ce robot piloté à distance, sur des images diffusées par le ministère de l’Intérieur via sa page officielle Facebook.
Contacté par l’AFP, le ministère s’est refusé à tout commentaire. Il n’était ainsi pas possible de savoir dans l’immédiat si le robot, qui peut techniquement contrôler les cartes d’identité, était en mesure de sanctionner de possibles contrevenants.
D’une valeur de 100.000 à 130.000 euros
Produit en Tunisie depuis 2015 et vendu surtout à des entreprises à l’étranger, ce robot P-Guard spécialisé dans la sécurisation de locaux a été créé par un universitaire tunisien en robotique, Anis Sahbani, fondateur d’Enova Robotics basée à Sousse (est). L’entreprise a fait don d’un nombre non précisé de robots au ministère de l’Intérieur.
D’une valeur de 100.000 à 130.000 euros, le robot P-Guard possède une intelligence artificielle qui le rend « complètement autonome », mais il peut aussi être opéré à distance, a indiqué à l’AFP son constructeur. Il est équipé d’une caméra thermique permettant de mesurer la température corporelle et possède un système d’évitement d’obstacles basé sur la télémétrie laser, toujours selon lui.
Un robot d’un autre genre également fabriqué par Enova Robotics doit être utilisé d’ici quelques semaines, selon l’entreprise, dans un hôpital de Tunis pour permettre aux malades du virus de communiquer avec leurs proches. Selon Anis Sahbani, un autre en cours de construction doit être mis en service fin avril devant les hôpitaux « pour faire le tri des patients ». Le robot leur posera des questions sur leurs symptômes, et en fonction des réponses, il pourra déterminer si un patient est probablement contaminé ou pas.
Depuis le 2 mars, la Tunisie a officiellement enregistré 455 cas de nouveau coronavirus, dont 14 décès. Le confinement général en place le 22 mars a été prolongé cette semaine jusqu’au 20 avril.