CerbAir, une jeune pousse française qui commercialise des solutions anti-drones, vient de lever 5,5 millions d'euros. Elle espère séduire les sites sensibles qui cherchent à détecter, brouiller et de localiser les drones récréatifs.
La start-up française CerbAir, qui développe des solutions anti-drones, a annoncé jeudi 6 février 2020 avoir levé 5,5 millions d'euros. Boundary Holding, Aubé Management, Weber Roule et Norbert Becker ont participé à cette levée de fonds aux côtés des investisseurs historiques de l'entreprise, MDBA et TF Participations.
DÉTECTION DES SIGNAUX RADIO
CerbAir cherche à intercepter les signaux radio que transmettent le drone et la personne le contrôlant. Pour y parvenir, elle a développé un "pod de détection", qui est comparable à une box WiFi et intercepte ces signaux radio. Sur sa solution fixe, le capteur est suspendu au bout d'un mât télescopique et peut être soulevé à une altitude suffisamment élevée pour détecter les bons signaux (souvent aux alentours de 8 mètres).
Le capteur qui reçoit les signaux "fait un premier filtre afin d'éliminer le bruit, avant de transmettre les informations via un câble Ethernet au bas du mât jusqu'à l'ordinateur", explique Lucas Le Bell, CEO de CerbAir. Ces informations sont ensuite transmises à un serveur qui fait un second tri des signaux perçus et transmet les données à l'utilisateur final.
UNE PORTÉE DE DÉTECTION D'ENVIRON 2 KM
"Il est possible de paramétrer le seuil de confiance des détections", ajoute Lucas Le Bell. Puisqu'une marge d'erreur dans la détection existe, à chacun de fixer le seuil des alertes qu'il veut recevoir comme il le souhaite.
La portée de détection des signaux dépend des environnements : la topographie des lieux et le degré de pollution radiofréquences sont deux facteurs très importants. "Dans les sites les plus complexes la portée est de 1 à 1,5 km, dans les milieux urbains elle est de 2 km, et dans les endroits dits favorables de 3 à 5 km", détaille Lucas Le Bell.
LOCALISATION DU DRONE
"Au moment du traitement des signaux interceptés, le logiciel peut savoir si le signal provient du drone ou de la commande radio", précise Lucas Le Bell. Une information très intéressante pour le volet neutralisation du drone. D'autant plus que CerbAir peut "déterminer l'angle d'arrivée de la source du signal", ajoute le CEO. Si plusieurs capteurs sont installés sur un même endroit, il est possible de recouper les données afin de localiser précisément le drone et la personne le dirigeant.
CerbAir propose de compléter son système de détection par radiofréquence avec une caméra longue portée qui peut être dirigée vers la zone où se situe le drone supposé. Cela permet d'avoir la preuve par image de la présence d'un appareil. Les personnes habilitées (armée, police, douane et administration pénitentiaire) peuvent alors utiliser une mesure de brouillage afin de neutraliser le drone. Les personnes non habilitées peuvent se rendre sur le lieu où a été localisé la personne guidant l'engin.
DES SOLUTIONS DE DÉTECTION MOBILE
La start-up propose aussi une solution de détection qui peut embarquée sur un véhicule et un système de détection portable. Ce dernier est composé d'un petit boitier attaché sur un gilet tactique qui permet "une détection omnidirectionnelle passive, c'est-à-dire que la solution de détection est elle-même indétectable", assure Lucas Le Bell. Ce capteur peut repérer et localiser les drones dans un rayon de 1 à 1,5 km.
MOINS CHER QUE LA CONCURRENCE
CerbAir a "assuré la protection du G7 conjointement avec plusieurs unités de police l'été dernier, ainsi que les commémorations du débarquement en Normandie ou l'Armada de Rouen", liste Lucas Le Bell. La jeune pousse a aussi répondu à un appel à projet pour la protection des Jeux Olympiques qui se tiendront à Paris en 2024.
La start-up cherche à vendre ses équipements dans une fourchette de prix comprise entre 30 000 et 300 000 euros. CerbAir explique vouloir se différencier en commercialisant une technologique plus modeste que d'autres mais suffisamment précise pour les usages qui en sont faits, et accessible à un plus grand nombre. Le but ? Que les entreprises puissent s'équiper de tels systèmes sans débourser des sommes trop importantes.
CerbAir, qui a réalisé "quelques millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'année 2019", selon son CEO, espère livrer plusieurs dizaines de produits en 2020. Pour parvenir à remplir ses objectifs, la jeune pousse s'installe dans de nouveaux locaux de 600 mètres carrés à Montrouge (au sud de Paris) afin de disposer d'une ligne d'assemblage suffisante et de pouvoir accueillir de nouveaux employés.